Il était un habitué du restaurant, et on s'était rencontré tout bonnement là bas, en terminant un repas, il avait voulu saluer le chef et s'était retrouvé en face de moi. Au cours d'une discussion, j'avais découvert qu'il était fan de cuisine, et je lui avais proposé des cours, collectifs parfois, individuels de temps en temps, et de fil en aiguille nous étions devenus amis. La notion d'amitié est importante, pas d'ambiguïté réelle entre nous, juste le partage de nos expériences de voyages respectives, des rires, des histoires échangées et des sorties agréables. J'avais toujours eu des amis et amies plus âgées que moi, ça ne m'avait jamais gêné, au contraire leur expérience, m'apportait beaucoup.
Assise dans la salle, j'attendais Rob, comme je l'appelais depuis notre première rencontre, touillant mon chocolat chaud, un croissant sortant du four attendant d'être mangé sur la table. Je me levais pour l'accueillir, passant mes bras autour de lui, en une accolade franche amicale, j'étais italienne donc très tactile.

- Merci d'être venu, j'aurais pas pu faire encore un after cuisine, je suis trop fatiguée ces temps ci, la réouverture du restaurant a densifié mon activité. Lui confiais-je.

Dans deux jours, c'était la grande soirée, j'étais rompue de fatigue, attendant avec impatience les prochaines vacances. Pour sûr je partirais d'abord à Houston pour aller voir la famille, avant de prendre un vol direction un ailleurs chaud et ensoleillé si possible ! Je portais la tasse à mes lèvres en regardant Rob, il y avait quelque chose... impossible à comprendre pour l'heure, mais il semblait hyper joyeux, rayonnant, plus lumineux que les autres jours.

- Elle s'appelle comment ? Lui dis-je de but en blanc.

Une femme savait reconnaître plutôt aisément s'il y avait une autre femme dans la vie d'un homme, et par une autre femme, j'entendais avec attirance physique et tout le reste. La plupart s'en défendraient, les autres aviseraient de leur éclatant sourire, pour admettre la réalité ! Je n'avais pas connaissance de copine dans la vie de Rob. Pour ce qui était de mon côté, je pense qu'il a perdu le compte.

Contrairement à l'habitude, tu as de la difficulté à te concentrer au travail, comme s'il y avait quelque chose ― ou quelqu'un - qui tourmentait ton esprit. Les lumières fluorescentes scintillent au-dessus de toi. Cela crée une ambiance artificielle qui contraste flagramment avec la douceur du matin à l'extérieur. Derrière ton bureau, tu n'entends que le bruit des claviers qui résonnent comme une mélodie monotone. Les tâches administratives commencent à s'accumuler sur ton écran, mais ton esprit a une préférence à vagabonder vers autre chose. Les heures passent lentement, chaque minute semblant étirer le temps jusqu'à l'approche de midi, où l'espoir t'envahit à nouveau.
Tu avais prévu te joindre à une amie au café du coin, dans le but de vous goinfrer. Pâtisseries et boissons chaudes au menu. Elena et toi, vous vous étiez lié d'amitié par le biais de votre amour pour la cuisine. À ce sujet, tu lui en devais beaucoup! Tu ne pouvais pas jouer l'imposteur et dire que tu étais un homme autodidacte. Après tout, si tu aimais autant le Pasta Tinto, c'était bel et bien grâce à son expérience. C'est elle qui arrivait à te faire saliver devant n'importe lequel plat de pâtes! À ton arrivée, tu étais plutôt heureux de partager une étreinte avec elle ― après tout, ça faisait un bail que vous ne vous étiez pas revu.

❝Tu n'as pas besoin de me remercier, franchement. C'est toujours un plaisir de me joindre à toi, à n'importe lequel moment où je suis disponible!❞ Amicalement, tu lui caressas le dos durant les dernières secondes de votre câlin avant de poursuivre : ❝Je suis très excité de voir ce que vous nous réservez, mais j'ai aussi très hâte que tu reprennes des couleurs.❞

Puisqu'elle avait un fort caractère à la "qui s'y frotte, s'y pique", tu espérais qu'elle ait compris l'essence de ta blague. Ça ne t'intéressait pas de la froisser ― encore moins depuis que l'Italienne avait mentionné ses heures de sommeil en moins. Par chance, tu étais quelqu'un qui savait rapidement se rattraper en cas de pépin. Au lieu de la colère, ce fut plutôt la curiosité qui l'emporta chez elle. Encore une fois, tout te ramenait à June. Pas que ça te déplaise, mais ça serait de mentir de dire que tu aurais voulu qu'elle n'ait pas la bague au doigt. D'une part, ça aurait faciliter la tâche et, d'une autre, tu n'aurais pas l'impression de jouer dans les jardins d'un autre homme.

❝Je souris bêtement, c'est ça?❞

Même dans la solitude du bureau, tu pensais à cette blonde. Elle occupait tes pensées comme une douce mélodie, résonnant dans les moindres recoins de ton cœur. Son rire, léger et contagieux, faisait vibrer quelque chose en toi.

❝Tu ne te trompes pas. Il y a quelqu'un, mais son cœur est déjà pris.❞

- Ce n'est pas le sourire béat, ça tu l'as toujours plus ou moins eu Rob, je parle de ... Gigotant des mains autour de lui, pour dessiner un un nuage d'aura, un truc du genre. ça pétille de partout, plus que d'habitude !

Finalement il vend la mèche et je fronce les sourcils, allant rompre le croissant beurré sous mon nez. Il avait un visage doux, quelque chose de malicieux dans la pupille, un physique à faire tourner les têtes et la jeune femme y serait insensible. Je ne crois pas non.

- C'est à dire son coeur est déjà pris ? Tu... lui as demandé ? Tu es allé fouiner dans sa vie ?

Je mangeais une bouchée, tout en scrutant les réactions de mon ami, et je ne m'y trompais pas, il était préoccupé par cette mystérieuse jeune femme.

- Elle s'appelle comment ? Tu l'as rencontré où... mets toi à table que je commence à vibrer par procuration ! M'exclamais-je en poussant son avant bras de ma main.

J'aimerais pouvoir dire que j'étais dans la même situation, mais le dérapage avec Matéo semblait si loin, et notre tentative de discussion s'était soldée par un échec cuisant sentimental ou même charnel. Je n'avais pas le quart de certitude, que pouvait avec Rob, j'avais une vie sentimentale particulièrement vide au final et qu'importe le nombre de dates, je savais au fond de moi, que je voulais de Matéo tant et plus. Mais en parler là, changerait quoi au juste ?

Ses gestuelles, aussi farfelues qu'elles pouvaient être, t'avait aidé à mieux illustrer ses pensées. Mais tu n'avais aucune idée de si elle avait tort ou raison, car ton "aura" ne te paraissait pas si différente qu'à l'habitude lorsque tu te regardais dans une glace.

❝C'est possible❞, tu as répondu en haussant bêtement les épaules.

Avait-elle vraiment flairé la potentielle histoire entre June et toi? Après tout, tu ne pouvais pas mentir; tu avais cette fille dans le sang. C'est à peine si tu n'imaginais pas son doux visage angélique dans ton café, à chaque matin! Puis, la curiosité d'Elena l'emporta, elle devait absolument tout savoir au sujet de la blonde qui faisait battre ton cœur depuis quelques jours déjà. Tu ne pouvais pas vraiment lui en vouloir : d'un sens, tu avais envie de tout connaître sur la blondinette, toi aussi.

❝C'est ma grand-mère et ses copines qui ont mis le nez dans ses affaires conjugales.❞ À la tête qu'elle te faisait, tu n'avais pas le choix d'éclaircir le tout : ❝Oui, tu as bien entendu. Notre charmante demoiselle est la nouvelle directrice de sa résidence pour aînés. Puisqu'elle me connait bien, elle s'est mis en tête de me "matcher" avec la belle. Faut croire qu'elle connaît trop bien son petit-fils, car j'ai un énorme crush sur elle.❞

Dolorès avait toujours plus d'un tour dans son sac ― que ce soit pour trouver une nouvelle flamme à son petit-fils ou embêter ses copains de la résidence. Ce n'est pas quelque chose qui te déplaisait, même que ça te faisait souvent rire. Jusqu'à ce qu'elle ait l'heure juste pour June. Cette fois, elle avait réussi à te désarmer sans le moindre effort.

❝Son prénom est June. Elle est nouvellement arrivée à Holden pour venir rejoindre son fiancé. C'est une ravissante blonde, aux yeux bleus et avec un de ces sourires! D'ailleurs, je l'ai invité à l'inauguration― je suis si nerveux.❞ Puis, tu t'es rappelé que tu avais fait mention à Elena que ton crush avait un fiancé. C'était sûr et certain qu'elle te ferait un commentaire là-dessus : ❝Je sais, j'ai foiré. J'aurais pas dû, mais c'était si tentant de le faire. Si tu la voyais, El'! Tu comprendais tout, tout, tout!❞

- ta grand mère t'a trouvé une nana... je suis impressionnée... je pensais que tu étais moine jusqu'ici. Lâchais-je en me moquant légèrement de Rob.

Je formais un "o" trop mignon pour répondre à ses paroles, posant une main sur la sienne.

- C'est trop mignon... ça fait scénario de film d'amour... j'adore.

Je terminais mon croissant, et buvais tranquillement le reste de ma tasse, le temps qu'il déblatère à vive allure, toutes les informations qu'il pouvait avoir sur elle. Jolie prénom, joli brin de fille il semblerait, qui aime les anciens et qui vit à Holden, tout semblait parfait, jusqu'à ce qu'il mentionne le mot "fiancé".

- Quoi ?! Elle est fiancée ?! Rob !!  Sérieux !! m'exclamais-je. Tu ne peux pas terminer un laïus si pognant en m'annonçant qu'elle a la bague au doigt ! C'est n'importe quoi ! Tu viens de me pourrir mon groove, celui que j'ai par procuration certes, mais quand même !

Je secouais la tête, visiblement désolée pour mon ami.

- Le cœur a ses raisons, mais tu as invité une nana fiancée au Pasta Tinto et tu viens de me le dire... tu n'as toujours pas compris que j'étais italienne, que la protection des êtres chers, de la famille c'était capital ? Qu'est ce qu'il en pense Caeden ? Tu lui as dit ?

Oui je connaissais son meilleur ami, pour l'avoir entendu mentionné de très nombreuses fois par Rob, son para bâtai dans le genre, enfin si Robin était dans le coup et avait déjà regardé ou lu Shadow Hunters. Levant la main pour redemander un autre croissant, je croisais le regard de Rob.

- Faut que je mange, tu viens de me stresser en 5 secondes à peine... je compense pour toi.

Remarque je compensais pour moi aussi quand même, la dernière entrevue avec Matéo avait été particulièrement corsée et depuis on se parlait pas vraiment.

Elena avait raison. Scénario à l'eau de rose, événement déclencheur digne d'un film hollywoodien à la noix. Sauf que ce n'était pas un scénario - c'était la vraie vie. Tomber sous le charme d'une femme presque mariée, ça ne finissait pas nécessairement bien. Et être le deuxième homme, si on devenait un amant, n'était pas celui qu'on apprécie le plus. Même qu'on le détestait et ne cautionnait pas ses comportements toxiques, contrairement à ce que l'on voit au cinéma. Être devant ce fait accompli ne te réjouissait pas. Mais tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à June, sa main dans la tienne - même si c'était une façon formelle de se présenter. Tout ça, n'était-ce qu'un fantasme que tu alimentais seul?

❝Dis-moi que je suis idiot. C'est complètement stupide d'être attiré par quelqu'un qui est amoureuse de quelqu'un d'autre!❞

Ton visage enfouit au creux de tes paumes de main, tu te maudis d'avoir été aussi stupide. Que faire? L'invitation était déjà lancée! Et puis, comment tu annulerais votre rendez-vous si tu n'as pas son numéro de téléphone? Au fond, ton amie n'avait pas tort de te ramener à la raison. Tu n'avais pas tendance à t'emballer aussi vite pour la première venue normalement. Pas que June n'en valait pas la peine, mais plus que ce n'était pas toi.

❝NON❞, tu t'exclamas. ❝Il est hors de question que j'en glisse un mot à Caeden! Il est préoccupé par quelque chose dernièrement, je ne veux pas l'embrouiller davantage avec mes histoires à la con.❞

Pas que tu ne lui faisais pas confiance, simplement qu'il était déjà préoccupé par quelque chose d'autre. Tu ne savais pas ce que c'était. Tu l'avais questionné sans jamais obtenir une réponse qui faisait du sens. Alors tu avais laissé tomber, préférant te concentrer sur les derniers préparatifs du prototype et du gala de dévoilement. Mais à l'instant même, ce n'était pas ce qui t'importait, c'était plutôt Elena qui semblait se ronger de l'intérieur - elle aussi.

❝Bien essayé, je sais pertinemment que ce ne sont pas mes histoires qui te donnent envie de manger autant.❞ Tu lui tiras la langue, avant de renchérir. ❝C'est ton proprio de resto? C'est ça? Vous vous envoyez encore en l'air ou quoi!?❞

...Il ne faut pas t'en vouloir, tu as beau avoir de la classe - tu restes un mec. C'est normal que tu aies un vocabulaire quelque peu vulgaire par moment, non? Le teint d'Elena vira au rose, ce qui t'a tout de suite amusé. Touché, coulé!

❝Pas besoin que tu entres dans les détails, c'est votre vie privée. Mais j'ai tout de même besoin que tu m'expliques hein❞, tu lui fis remarquer, accompagné d'un clin d'oeil qui voulait tout et ne rien dire à la fois.

- Tu es idiot.
J'avais prononcé ça avec franchise, haussant les épaules comme si tout était normal.
- Tu me l'as demandé et c'est le cas... l'amour rend idiot. Tu es en train d'expérimenter le plus vieux sentiment du monde, pour la première fois de ta vie... des poètes, des écrivains, des cinéastes et autres en ont fait l'expérience, ils en ont sortit des chef d'œuvres de culture, mais quant à leur vie sentimentale... y'avait pas franchement de quoi pavoiser. Tu chantes, tu écris ? C'est peut être le moment de te trouver une activité artistique et nous faire un chef d'œuvre.

Il ne l'avait pas dit à Caeden, en bon ami au second plan qu'il était depuis fort longtemps. Comme si les malheurs de son ami, avaient toujours été plus importants que sa propre vie à lui. En réalité, c'est très masculin de penser comme ça. J'ai l'impression que les femmes, ont moins de mal à se parler entre elles de tout et de rien. Et surtout d'amour ! LE sujet hyper important de nos vies en somme.

Lorsqu'il me dédouanait de la cause de ma nourriture excessive, je m'étouffais avec la bouche pleine. J'attendis d'avaler, en battant des mains dans l'air, comme si j'étais en train de lui expliquer mais sans mot. Je m'essuyais la bouche convenablement, avant de reprendre en syllabes et voyelles.

- Rien à voir. C'est faux. Je te jure mon patron et moi c'est loooiiiiin d'être une histoire d'amour. Et pour ta gouverne on a couché ensemble qu'une seule fois.

Je triturais un truc sur la table, il me demandait de lui expliquer, et je lui devais bien ça.

- J'ai une passion pour les hommes plus âgés... je les trouve plus solaires, plus attirants. Et Matéo n'a pas fait exception, il est très italien dans sa façon d'être, et si tu savais comme son Pene est très très bon... Oui j'étais en train de parler de son attribut de mâle, comme si j'étais avec une copine ! Bref, il ne veut plus entendre parler d'un possible rapprochement futur, parce que ça a foutu la merde au boulot, les gens ont commencé à cracher sur nous, sur la propension toute matéotienne, du patron à choisir ses plans culs au sein de son personnel...

Caressant du bout des doigts, le rebord de la tasse, je me mordis la lèvre.

- J'ai besoin d'un service... je ne te le demanderais pas, si cette fameuse June était sérieuse avec toi hein... mais fiancée ça semble mal barré. J'aurais besoin que te fasses passer pour mon mec, notamment que tu viennes me chercher au travail quelques fois, que... Matéo nous voit très proches...

❝Merci❞, dis-tu simplement, en roulant des yeux. Même si Elena était une femme ravissante, ce n'était pas pour ses beaux yeux que tu l'appréciais mais pour sa franchise. Tu avais l'heure juste en permanence avec elle. La brune finissait toujours par te ramener à l'ordre, te tirer de tes rêveries sans queue ni tête. ❝Aucune chance. As-tu déjà vu mon écriture? Je peux te faire lire l'un de mes rapports financiers et tu verras que mon écriture est illisible même pour ma personne.❞ Comme si nous n'étions pas à l'époque du numérique, Robin. Quel idiot tu es!

Par chance, tu as réussi à te tirer d'affaires - parler de Mateo Baker, propriétaire du Pasta Tinto, était la meilleure diversion que tu pouvais trouver avec elle. Tu ne connaissais pas un autre homme qui avait pu faire chavirer son coeur ainsi. Même les clients du restaurant devait se douter de leur histoire. Après tout, tu avais été témoin de plusieurs regards échangés entre eux...et vous ne viviez pas dans une ville d'aveugles non plus!

❝Une seule fois, c'est suffisant pour tomber amoureux.❞ C'était surtout le cas chez les femmes, car les hommes étaient remplis de testostérone. Ils préféraient conquérir tout ce qui bouge, plutôt que de se concentrer sur une seule femme à la fois...enfin, quelques-uns. Pas tous. ❝Puisque tu tripotes quelque chose, ça ne fait que me confirmer qu'il y a quelque chose de plus entre vous.❞

Idiot, mais pas dupe ce mec. Parler du propriétaire du restaurant pour lequel Elena travaillait, c'était aussi discuter d'un inconnu. Tu lui avais adressé la parole peut-être une, deux fois, mais sans plus. Toutes les informations que tu avais reçue provenaient uniquement de la brune.

❝Mais un penne, c'est plutôt petit pour qualifier son s- (Tu réalises qu'elle ne faisait pas allusion aux pâtes, mais à son organe reproducteur.) AH! Je suis bête. (C'est en secouant la tête de droite à gauche que tu essayas de chasser ces nouvelles images.) Tu vas m'empêcher de dormir avec tes histoires.❞

Tu lui permets de terminer son récit, car elle a été assez patiente pour écouter le tien. ❝Être plus vieux ne nous rend pas plus intelligents, j'espère que tu es consciente de ça. Quoi qu'il en soit, ce Matéo te rend folle dingue. Faut arrêter et te trouver un autre mec le plus tôt possible avant qu'on transfert l'une des employés à l'institut psychiatrique hein!❞

Ce n'était qu'une blague, mais tu remarquas que ça n'avait pas plus à Elena. Un fort caractère en un si petit bout d'femme. Une barista vint déposer une autre pâtisserie sur la table et, sans attendre, tu lui en piquas un morceau. La bouche pleine, tu lui lanças : ❝Ça, c'est un dépôt pour toutes les fois où je viendrai te chercher.❞ Tu terminas ta bouchée et vins t'asseoir sur la banquette près d'elle, passant un bras par-dessus ses épaules. ❝Tu travailles aujourd'hui ou tu as le temps de me montrer quelques photos de ton Matéo, à nouveau?❞

- De mon côté oui, il y a plus que le coup d'un soir, un coup mémorable au demeurant... Mais je suis trop jeune selon lui, je suis aussi le chef de son restau et s'il n'a pas son étoile avec moi, et bien... je sais pas, je me dis qu'il souhaite plus l'étoile que de tomber fou amoureux de moi.

Je pourrais en pleurer, si je venais à trop y réfléchir, mais à quoi bon ? On ne force pas les gens à vous aimer... il faut croire que c'est juste pas le monde mood, pas le bon timing, pas le bon mec.

- Oui comme si parler de sexe allait t'empêcher de dormir... Lui répondis-je en le regardant de travers.

Il avait pas tort sur le fond, je pouvais encore changer mon fusil d'épaule, et trouver un mec bien, de mon âge peut être ou légèrement plus vieux. Je grimaçais.

- Le coeur a ses raison, que la raison ignore très cher... j'ai du mal à me le sortir de la tête... sa bouche pulpeuse... sa bouche Robin, je te jure ça peut rebuter des femmes d'embrasser des lèvres charnues, moi... moi elles me plaisent ses lèvres.

La pâtisserie à peine posée sur la table, Robin la prit en main pour en croquer un bout. J'ouvris grand la bouche de surprise. Me voler ma nourriture n'est pas le meilleur moove qu'il pouvait faire ! Mais quand il accepta ma proposition, je m'exclamais de joie :

- Aaaah !! Ti amo !!! Claro che sai Si ??? Tu dis oui ??? Oh mon dieu... Tu es tellement beau aussi, il va être mort de jalousie de malade !!!

Je lui sautais au cou, trop heureuse qu'il accepte, allant embrasser sa joue comme du bon pain. Puis réalisant que je lui avais collé du beurre de mes doigts, j'essuyais sa joue.

- Je suis toute à toi chéri... Dis-je, en prononçant le Chéri en français.

J'attrapais mon portable, pour lui montrer une photo ou deux.

- Tu l'as jamais vu ?

Photo 1

Spoiler:

Derrière ses apparences de femme forte, tu pouvais y apercevoir une fille blessée de ne pas être "choisie" par l'homme pour lequel elle éprouvait quelque chose. Ça te faisait de la peine de la voir comme ça, d'être rejetée comme une vulgaire chaussette. L'homme qui saura lui plaire, et traiter Elena comme il se doit, sera le plus chanceux au monde. Car elle était prête à donner ciel et mer pour prouver son amour.

"Il est aveugle et passe à côté de quelqu'un qui vaut vraiment le détour. Je dis ça, mais je dis rien." Tu fis signe de clouer tes lèvres ensemble avec une fermeture éclair, puis levas les deux mains en l'air de chaque côté de ton visage. C'était une façon de la faire rire et que tu lui disais le fond de ta véritable pensée. Et, au moment où Elena énonça le mot sexe, tu te bouchas les oreilles. Pire qu'un enfant. "Hé oh, je ne suis pas avide de sexe. Si l'occasion se présente, je suis content, sinon ce n'est pas la mort. Quoique―"

Ça serait de mentir de dire que tu n'as jamais une ou deux pensées intrusives en lien avec la sexualité, surtout lorsque tu penses à June. Mais tu te devais de ne pas dire la vérité et conserver un minimum de ta vie privée sous clé. Elena, elle, n'avait pas ce blocage ― on pouvait en discuter pendant des heures, sans se lasser. Peut-être qu'au fond, c'était ta carrière qui faisait en sorte que tu préférais taire ce genre de choses par peur que les médias à potins en apprennent trop. "Ah, c'est donc ça le secret. Il aurait fallu que j'ai une meilleure génétique." Peut-être que tu aurais réussi à trouver une femme plus vite. Assis à ses côtés, la bouche pleine, tu observas attentivement la première photo de "l'âme sœur" d'Elena. Il ne te ressemblait en rien. Comment serait-il jaloux de toi?

"Tu rigoles, j'espère?" Tu avalas le reste de ta bouchée. "Il ne va jamais croire que je suis ton copain. Je n'ai pas de yeux anguleux et mâchoire carrée." Tu caressas ta barbe. "J'aurais pas le choix de te dire adieu, à toi." Tu te ressaisis. "Attends, montre-moi une autre photo!"

- Oh amore, sei adorabile... Lui dis-je en posant une main sur la sienne.

J'éclatais de rire, tandis qu'il ne voulait ni parler de sexe, pour ensuite se dénigrer son physique.

- Ma che stupido... Tu es un bel homme, tu as de larges épaules, un sourire à tomber, si j'aimais les hommes gentils, tu serais totalement mon type d'hommes... mais j'aime les hommes cruels Mio Amico... lui dis-je avec sincérité.

Robin c'était un magnifique spécimen d'homme viril et mature, tout en étant maladroit, poli et courtois... Un homme gentil dans toute sa splendeur étincelante; Je posais les mains sur lui, pour le toucher sans honte, sans gêne non plus, depuis le temps il a comprit que mes interactions physiques étaient proprement italiennes. Une habitude liée à une autre culture en somme. Robin faillit s'étouffer en voyant la photo de Matéo, je l'écoutais en fronçant les sourcils, regardant la photo après la description de mon ami, secouant la tête.

- Bien sûr que vous ne vous ressemblez pas, sinon tu serais déjà mio marito ! J'éclatais de rire. Mais tu vois les hommes italiens ne sont pas comme les américains, ils sont territoriaux, ce qui marche c'est les drames et les intrigues, le feu et la glace, tu vois ? Il faut le titiller, le piquer, lui rendre la monnaie de sa pièce...et c'est justement là que l'intrigue est intéressante, tu n'as rien à voir avec lui, ça va assurément beaucoup l'agacer. Et je ponctuais ma tirade en souriant radieusement.

En pure italienne que j'étais, j'avais la vengeance dans les veines et le feu au cœur ! Je scrollais les photos trouvées ici et là sur google image, pour lui en montrer d'autres.

Photo 2

Spoiler:

Photo 3

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