Sujet: Sempre lì per te... [Chiara/Lorenzo] Mer 25 Sep 2024 - 13:54
« Sempre lì per te... »
30/09/2024 – début de soirée – Chambre de l’auberge chez Ali
Cela faisait à présent un mois que père n’était plus là. Un mois qu’on était en fuite Chiara et moi. Un mois que tout notre monde italien avait pris fin et que l’on avait trouvé refuge dans un autre pays. Un mois que j’avais l’impression d’être sans cesse en apnée. Sans cesse sur le qui-vive à dormir que d’un œil et à me préparer au moindre instant à devoir partir en catastrophe. Et puis j’avais vu Giulia et pendant un instant j’avais pensé que peut-être l’on pourrait avoir ce moment de répit que l’on n’a pas eu depuis notre départ de Vernazza. Si l’on a pris le temps de faire le deuil de notre mère – et encore c’est plutôt dans la forme parce qu’elle me manque encore aujourd’hui – je n’ai clairement pas pris le temps de faire celui de mon père et je suis persuadé que Chiara non plus. Et en même temps, comment l’aurait-elle pu ?
C’est une guitare à la main, assis sur le bord de mon lit dans ma chambre, que je songe à tout cela en jouant lentement quelques notes. Je ne suis pas un grand musicien, loin de là, mais j’aime assez libérer un peu mon esprit qui réfléchit à toute allure dès que j’en ai l’occasion. Je sais que Chiara n’est pas heureuse, elle peste suffisamment après moi pour que je puisse ignorer son mécontentement mais cela ne me fait pas changer d’avis pour autant. Je ne suis pas un bourreau mais clairement, depuis notre fuite, elle n’a aucune liberté de mouvement. J’en suis profondément navré au fond de moi mais pour autant, je ne change rien à ce que j’ai planifié et qu’importe si elle contestait mon autorité.
Mon téléphone vibra, me faisant quitter la guitare des yeux pour regardait le message du livreur qui était à l’entrée de l’auberge. Comme souvent chaque fois que nous étions installé dans un hôtel, je passais commande du repas et Chiara venait manger avec moi afin de passer un moment ensemble malgré toutes les tensions qui s’étaient accumulées depuis notre départ d’Italie. Je laisse tout en vrac et prends simplement mon portefeuille pour réceptionner notre repas et payer le livreur. Et tout en retournant à ma chambre, j’envoie un sms à Chiara pour la prévenir que le dîner est servi. Ce soir, je compte lui annoncer que j’ai décidé que l’on resterait en ville un peu alors je me doute que la nouvelle ne passera pas aussi aisément que le repas, je m’attends même à recevoir sa colère mais je me sens prêt à encaisser.
De retour dans la chambre, je prépare tout sur la table et dispose des plats que je sais qu’elle apprécie en évidence… Avant de prendre place et de l’attendre sagement en silence, le coude sur la table et la main glissant le long de mes lèvres. Lorsqu’enfin elle entre, je lui souris simplement et montre le dîner :
« C’est prêt Micetta, viens t’asseoir… J’ai quelque chose à te dire… »
Nous voilà aux États-Unis depuis quelque temps maintenant, je suis contre l'idée, je déteste les USA, je préfère largement l’Italie ou la Sicile, mais Lorenzo mon grand frère m’a dit qu’on devait venir ici, que c’était notre père qui l’avait demandé, sauf qu'il est mort et que je suis encore en deuil de la mort de notre mère, que je dois faire celle de notre père… en étant loin de l’Italie, de notre maison, de notre foyer, de nos proches restés là-bas, de mon petit ami. Je n’ai même pas eu le temps de prévenir mes quelques amies, ni mon fiancé… non, Lorenzo a pris nos valises, a mis des vêtements dedans et hop direction les États-Unis.
Depuis un mois, nous passions de ville en ville sans jamais nous poser réellement et je ne sais pas si cela me plaisait ou pas. On n'avait pas encore fait de très grandes villes, ce que je déteste par-dessus tout et je dois dire que j’en remerciais intérieurement Lorenzo, pourtant il en était hors de question que je lui dise en face, non, car j'étais très en colère contre lui, il ne m’avait donné aucune réelle explication et cela me bouffé complètement de l’intérieur. Je passais presque tout mon temps dans les chambres d’hôtels, de motels ou d’auberge qu’on fréquente, loin du luxe de notre maison à … ou de l’hôtel de Lorenzo qu’il dirigeait là-bas chez nous… je ne suis pas le genre petite princesse, mais j’ai eu l’habitude du luxe et je dois avouer que maintenant ce n’est plus le cas et cela me fait très bizarre.
Alors que je regarde la télé, tranquille allongée sur mon lit à ruminer comme souvent, je reçois un message de Lorenzo qui me dit qu’il est l’heure de manger. Il a comme à chaque fois commandé de la nourriture à emporter pour qu’on profite tous les deux d’un bon repas, sauf que souvent, nous ne nous parlons pas et ça me pèse mine de rien… Pourtant, je n’arrive pas à lui parler. Je me lève de mon lit et j’enfile mes baskets, puis je vais dans sa chambre en traînant un peu les pieds, car je sais que même si le repas va me plaire, il sera loin des repas que l’on mangeait chez nous.
Je rentre dans sa chambre sans frapper et je souris alors que je vois tous les aliments que j’aime. Je fronce les sourcils à sa phrase et je vais m'asseoir. Ça sent le traquenard cette histoire.
- Je dois m’attendre à quoi cette fois?? On va vivre en Russie?? Ou alors au pôle Nord??
Je croise les bras contre ma poitrine en le regardant dans les yeux.