Au beau milieu d'un après-midi ensoleillé, tu étais là, au cœur de ton jardin, armé de tes outils et ton chapeau de pailles. Tes tomates étaient brillantes comme des rubis et pendaient gracieusement de leurs tiges. Plusieurs courgettes émergeaient du sol comme des trésors cachés. Tandis que d’autres feuilles dansaient au gré du vent, cachant sous la terre de délicieuses carottes croquantes. Tu imaginais déjà les ragoûts et gratins savoureux qui réchaufferont vos soirées familiales et rempliront votre maisonnette d’arômes réconfortants. La cour arrière baignait sous le même soleil qui caressait doucement ton visage. Le quartier de Garden Hills, avec ses maisons aux façades colorées, semblait te parler. Les rires des enfants jouant dans le petit terrain de jeu résonnaient comme une douce symphonie à tes oreilles ― tu te sentais enfin à la maison. Alors que tu plongeais tes mains dans la terre, un bruit familier te tira de ta concentration : la sonnette retentit. Qui cela peut-il bien être? Tu te relevas, les mains encore légèrement terreuses et te dirigeas vers la porte d’entrée. En ouvrant, ton cœur s’est emballé. Face à toi, se tenait Giulia, ta sœur adorée, les yeux pétillants. Impossible de te retenir, tu lui sauta au cou et l'étreint avec chaleur. ❝Mais dis donc, en voilà une surprise!❞, dis-tu à ta sœurette au moment où tu te desserres d’elle. ❝Pas besoin de faire le piquet, entre!❞ Plus qu'heureuse, tu te décalas de quelques centimètres pour lui laisser un peu de place. Un tout petit laps de temps passe pour que tu t'aperçoives qu'elle n'a pas qu'une toute petite valise, mais bien quelques-unes. ❝Tu déménages?! Pas que ça me dérange, plutôt que je suis surprise. Ça me fera plaisir de t'héberger durant ton voyage. C'est un voyage?❞ À la fois perplexe et excitée, tu n’arrivais même plus à placer tes idées dans le bon ordre.

Voilà quelques jours que tu étais arrivée à Holden. Tu n’en avais pas encore parlé à ta sœur puisque tu voulais lui faire la surprise. La raison ? Tu avais besoin de temps pour toi. Pour remettre en place tes idées depuis ce qui s’était passé à Vernazza. Ta sœur n’était pas au courant, enfin disons qu’elle savait que tu étais en couple avec un homme un peu plus vieux, restaurateur, mais elle ne savait pas comment était votre relation. Tu savais que le sujet allait venir lorsque tu la verrais, c’est pour cette raison que tu voulais prendre du temps pour toi. Te poser et réfléchir. Tu t’étais offert une semaine dans un hôtel de la ville, avec spa. L’avantage avec ton travail, c’est que tu avais réussi à mettre de l’argent de côté. Même si tu n’étais plus chez toi, tu pouvais travailler à distance. Tu avais accepté un contrat et tu te devais de l’honorer. C’est pourquoi tu restais enfermée dans ta chambre. Tu voulais terminer ce contrat avant de pouvoir t’accorder du temps de qualité avec ta sœur. Deux jours plus tard, ton contrat était honoré. Tu avais travaillé jour et nuit pour le finir le plus rapidement possible. Ta sœur te manquait et lors de votre dernière visioconférence, tu avais dû lui mentir sur ta présence dans sa ville. Aujourd’hui c’était le grand jour. Tu avais ressorti l’adresse de ta sœur et tu avais décidé d’aller lui rendre visite. Vêtue d’une belle robe soleil, tu interpellas un taxi. « 89 Garden Hill s’il vous plait. » Pendant le trajet, tu jouais avec tes doigts. Tu étais un peu nerveuse d’affronter ta sœur. Certes, ça serait une surprise, mais tu n’allais surement pas échapper à une tonne de questions sur la raison de ta présence. Le taxi te déposa devant une magnifique maison. Tu payas ton trajet et te retournas vers la maison. Après avoir pris une grande respiration, tu allas appuyer sur la sonnette. À peine quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrir à la volée. Un petit sourire aux lèvres et ta sœur te prit dans ces bras. ❝Mais dis donc, en voilà une surprise!❞ Tu lui rends son étreinte. Elle t’avait manqué. Tous vos appels ne remplaceront jamais vos conversations à face-à-face. ❝Pas besoin de faire le piquet, entre!❞ Sans attendre, tu entras dans la maison. Avec tes valises, car oui, tu n’avais pas précisé plus tôt que tu avais quitté l’hôtel pour venir rejoindre ta sœur. Tu voulais donner l’impression que tu venais d’arriver en ville. « Salut Sol ! Contente de me voir !? » Tu laissas tes trois valises dans l’entrée. Disons que tu n'étais pas partie les mains vides. « Disons que tu me manquais tellement, que je pensais rester quelque temps ici. » lui dis-tu en faisans ton fameux sourire.