L’été s’achève déjà, passé encore une fois comme un coup de vent sans que je n’ai vu le temps passé. Rentrée universitaire qui approche à grand pas, j’ai un peu peur de ce qui s’en vient, j’arrive dans la cour des grands maintenant. Impossible de reculer, mon rêve de petite fille est en construction et il se réalisera bien vite si je mets tous les efforts à la bonne place. Au début de l’été je me suis trouvé un petit boulot pour pouvoir me faire un peu d’argent de poche. Même en étant consciente que mon père et ma mère ne me laisseront pas tomber et qu’ils seront là si j’en ai besoin, mais j’ai envie d’être un peu plus indépendante et de gagner mon argent.

Bien qu'à temps partiel, je tente de faire un max d’heure tant que l’école ne sera pas recommencée et il m’arrive de remplacer des collègues ici et là. Ce soir est l’un de ces soirs et je travaille avec certaines serveuses que je n’ai pas encore eu beaucoup la chance de rencontrer. Il y a quand même beaucoup de monde, à mon avis en tout cas, et je tente d’offrir le meilleur service possible à chaque client que je sers. Tout semble aller pour le mieux quand je me fais arrêter par un monsieur d’un certain âge, bedonnant, en compagnie de sa femme qui semble être aussi sèche qu’un cure-dent. Elle a les lèvres pincées et un regard de dégoût. Il me fait savoir qu’il aimerait avoir de l’eau et je lui fais un sourire chaleureux en lui disant que je reviens tout de suite. Je retourne donc en cuisine avec les assiettes vides et je prend le panier de pain qu’une autre table m’a réclamé, de retour vers la salle à manger. En route vers la table pour les petits pains, j’entends la femme qui grommelle. “Non, mais il y en a qui sont pas très vite ici…. ” Sur le coup j’essaie de ne pas trop faire de cas, même si je suis certaine qu’elle parle de moi. J’ai fait la gaffe de ne pas prendre le pichet d’eau avec moi. Je leur jette un coup d'œil, pour leur faire un petit signe pour qu’ils comprennent que je n’ai pas oublié. Dépose la panière de pain sur ladite table et me dépêche pour aller chercher le pichet d’eau pour éviter qu’ils ne fassent toute une scène. En arrivant à leur hauteur, je penche le pichet pour remplir un verre sous le regard scrutateur de la femme, je renverse un peu d’eau par inadvertance. Je m’excuse, prend une serviette sur la table à côté pour essuyer mon dégât quand l’homme bombe son torse et commence à m’engueuler. Pétrifié, je me fige et le regarde alors qu’il se met à parler de plus en plus fort, la serviette pour éponger dans les airs. “Je… je… je suis désolé monsieur…. ” et il continue…. “Encore une jeune qui sait pas travailler comme il faut, qui ne sert à rien… ” Je tente de ne pas perdre la face devant lui, mais je sens mon visage blêmir et je me mord la lèvre pour ne pas craquer. Je ne sais pas quoi faire, je suis mortifiée.

@Skylar Mayfield

Tw:

La soirée ne se passe pas du tout comme je le voudrais. Déjà ce couple qui se prend pour le nombril du monde. Heureusement que j’ai eu la chance d’avoir de l’aide d’une collègue que je rencontrais pour la première fois. Je pense que j’aurais complètement figé et n’aurait su que faire si elle n’était pas venu à mon secours. Dans ma famille, le respect est ce qu’il y a de plus important et il est hors de question de mal parler à quelqu’un sans avoir à s’expliquer par derrière. Parfois c’est super chiant, surtout quand ce sont les parents qui me mettent en colère, mais je crois que c’est quand même important de savoir reconnaître ses erreurs et s’excuser derrière. Je me sens complètement perdue en ce moment. Je regarde le couple sans savoir quoi dire d’autre. La familiarité de ma collègue aussi me surprend, je n’ai pas l’habitude de me faire approcher comme ça par des gens que je ne connais pas tant.

Dès que j’ai une chance de filer je le fais et continue ma soirée en évitant autant que possible les fouteurs de troubles. La soirée se déroule mieux, heureusement parce que sincèrement, je ne crois pas que j’aurais pu faire face si ça avait continué sur cette lancée. Je pense que je serais partie, rien de moins, mais j’ai pas envie de lâcher mon boulot et j’aime bien le patron.

Pendant qu’on est en train de nettoyer, je m’approche de Skylar, elle m’est déjà venue en aide une fois ce soir, peut-être qu’elle le pourra une seconde fois ? Puis, j’ai presque terminé ce que j’ai à faire et j’ai besoin de prendre l’air. Je lui demande si elle a un briquet, le mien je ne le trouve pas. Il doit être caché bien au fond de mon sac, si je ne l’ai pas tout simplement oublié dieu sait où. Sa réaction, ai-je bien vu ses yeux s’écarquiller l’espace d’un instant ? Je ne sais pas comment je dois le prendre, probablement la surprise, on ne se connaît pas vraiment il faut dire et je lui demande quand même l’objet le plus voler sur la terre, juste avant le stylo. Elle me demande de l’attendre alors qu’elle s’éloigne, je hoche la tête, me mordillant nerveusement la lèvre inférieure, en attendant qu’elle revienne vers moi. Je prends le briquet qu’elle me tend en effleurant doucement sa main. « Merci… » Prête à aller dehors, je recule d’un pas, le regard toujours vers le sien. Elle a des beaux yeux, loin de mes yeux sombres presque noir. « Euh.. bah pourquoi pas ? Pas de soucis, tu peux venir aussi. » Je répond en lui emboîtant le pas, sortant par la porte anti-panique. Je ne peux pas l’empêcher de me suivre et qui suis-je pour lui dire que la cigarette c’est mal. Une fois à l’extérieur, j’hume une grande bouffée d’air frais, les yeux fermés pour apprécier le moment. Puis m’approche du mur sur lequel j’appuie mon dos, glissant finalement ma cigarette entre mes lèvres. Je l’allume d’un geste assuré avant de lui rendre son briquet. « Merci encore pour le coup de main un peu plus tôt. » Que je finis par dire après avoir tiré deux grande lattes à ma cigarette. Je regarde mes pieds qui poussent les petites roches sur le sol. Puis lève les yeux vers elle à nouveau. Elle est vraiment jolie, même si la pénombre ne me permet pas de bien voir son visage. « Je lui aurais bien coller un pain à la figure, mais je préfère garder mon boulot. » Je rigole doucement en imaginant la tronche de l’homme avec mon poing sur la gueule. L’image est assez comique on ne le cachera pas. J’espère que je n’en aurais pas souvent des comme celui-là.