01. Quel est ton plat préféré ? Les enchiladas
02. Quel était ton métier de rêve ? Ironiquement, il rêvait d'être flic
03. Quelle est ta saison préféré ? L'été
04. Quel est ton passe-temps favoris ? Ecouter de la musique
05. Quelle est la meilleure action que tu as fait ? Protéger sa soeur d'un taré
06. Quelle est l'erreur que tu regrettes le plus ? Avoir perdu celle qu'il pensait être la femme de sa vie

Il aspire à vivre une vie faite de bons moments et de liberté, il ne veut plus s'engager, il veut simplement se sentir vivant

Caleb est l’aîné d’une famille de trois enfants. Seul garçon, il a dû très vite prendre des responsabilités d’homme de la maison, de chef de famille. Pourtant, on ne peut pas dire que sa mère manque de caractère ou de détermination. S’il y a bien une chose qui caractérise Barbara c’est sa force de caractère. Personne n’a jamais compris comment et pourquoi une telle force de la nature, si belle, indépendante et intelligente avait pu se mettre avec un tocard comme Larry. Bon à rien, alcoolique et violent, il n’avait attiré que des emmerdes à Barb’ qui serrait les dents, pour les gosses, pour maintenir un semblant de famille pendant qu’elle jonglait avec trois ou quatre jobs pour subvenir à leurs besoins à tous, y compris à son incapable de mari. Tout ça aurait pu encore passer s’il n’avait pas la fâcheuse tendance de lever la main sur elle. S’il avait trop forcé sur le whisky, s’il avait perdu son pari ou au poker, si sa soirée avait été mauvaise, la pauvre Barb’ ramassait une raclée en bonne et due forme. Les gosses assistaient à son calvaire, impuissants. A trois ans déjà, Cal tentait de s’interposer, recevant des coups de pieds qui le faisaient voler à travers la pièce. Comment se construire et grandir dans un environnement pareil ? Malgré le courage aveugle de sa mère ? Il ne comprenait pas non plus pourquoi elle avait décidé d’avoir d’autres enfants après lui, d’autoriser ce gros porc de Larry à la toucher encore. La petite Olivia se cachait toujours derrière son frère quand ces scènes de ménage ultra violents éclataient. Puis ce fut Olivia et Amelia qui prirent ce pli, il avait trois ans de plus qu’elles et elles se sentaient en sécurité avec leur grand frère. Généralement, il les accompagnait dans leur chambre et faisait en sorte qu’elle y reste pour courir défendre sa mère. C’était la femme de sa vie, celle qui avait tout sacrifié pour eux et qui mettait en péril sa santé mentale parce qu’elle pensait qu’ils avaient besoin d’un père. Quel genre de père était-ce que cette merde ? Avait-on réellement besoin de se construire avec ce genre de modèle ? Il en avait toujours douté et ça ne s’était pas amélioré avec les années. Les accès de colère du vieux Findley s’étaient espacés, offrant un peu plus de moments de paix à la petite famille mais il suffisait de peu pour mettre le feu aux poudres. Si Barbara avait le malheur de le contredire, ça pouvait monter dans les tours. Caleb avait 12 ans quand son père leva la main sur sa mère pour la dernière fois. Il était déjà grand pour son âge et plutôt doué en sport, il ne se ménageait pas, courant tous les matins et s’assurant d’être sportif et fort, d’avoir toutes les armes en mains pour éviter un drame. Le patriarche était rentré complètement ivre, portant des marques de rouge à lèvres et l’odeur d’un parfum de femme. Il n’en fallut pas plus pour que sa femme explose. Ils échangèrent des noms d’oiseaux jusqu’à ce que Larry empoigne sa femme et lui colle une gifle violente avant de la laisser retomber au sol. Livy et Lia étaient déjà à l’abri dans leur chambre depuis un moment, dès qu’il était rentré. Caleb fonça, attrapa un couteau et se mit entre sa mère et son père, prêt à en découdre. Le rire mauvais que laissa échapper Larry lui donna envie de lui enfoncer la lame dans le cœur, encore, et encore. Mais il ne bougea pas, ne dit rien.

« Qu’est-ce que tu crois que tu fais avec ton couteau de merde, morveux ? Tu crois que tu peux faire le poids contre moi ? »
« Laisse maman tranquille et va cuver dans le canapé ! » lui ordonna-t-il d’une voix glaciale
« Tu crois que tu vas me donner des ordres, chez moi ? Petit connard ! »

Vu le manque d’expérience du gamin qu’il était, il ne fut pas bien compliqué pour son père de le désarmer en dépit de son état d’ébriété avancé. Il jeta le couteau plus loin et empoigna le gamin pour lui coller une raclée. Caleb, résigné, ne se débattait pas. Mieux valait lui que sa mère ! Pourtant, une chose insignifiante semblait avoir changé. Il y eut comme un déclic. Barbara se redressa, le regard empli de haine, elle se saisit d’une chaise et l’abattit violemment sur son époux avant que celui-ci n’ait eu le temps de corriger leur fils.

« Des années que je supporte ton comportement, tu n’es qu’une merde, Larry ! Je prends les enfants et je me casse ! Tu recevras les papiers du divorce ! Ne t’avise plus jamais d’essayer de toucher mon fils ! »

Elle lui offrit un coup de pied dans le ventre puis un autre au visage, comme désinhibée. Une heure plus tard, leurs maigres possessions empaquetées dans le break de Barbara, ils étaient en route pour la maison de leur grand-mère et le début d’une nouvelle vie.






Sa mère se donnait beaucoup de mal mais les deux bouts étaient difficiles à joindre, malgré ses différents emplois et les heures qu’elle faisait. Il fut bientôt évident qu’elle ne pourrait pas continuer de la sorte sans s’abîmer la santé. Elle encourageait pourtant ses enfants à tenir bon à l’école, à travailler dur et à obtenir des diplômes pour avoir la chance d’avoir une autre vie que la sienne. Caleb dut négocier durement avec elle pour qu’elle accepte qu’il arrête l’école et prenne un job minable à temps plein. La condition fut qu’il passe son diplôme de fin d’études en cours du soir. Il abandonna ses rêves de bourse universitaire pour jouer au football américain, il abandonna l’école, l’innocence, ses potes et les filles pour le bien de sa famille. Il dégota un job de plongeur dans un restaurant et un autre dans une station-service la nuit. Si ce sacrifice pouvait permettre à sa mère de ses reposer et à ses sœurs de faire des études, c’était avec grand plaisir. Il trouva le club malgré lui, ou plutôt, celui-ci le trouva. Il sortait les poubelles du restaurant quand il tomba sur une bagarre. Un guet-apens aurait été le terme le plus juste. Trois types essayaient d’obtenir d’un autre quelque chose. Il ne fit attention à aucun écusson, aucun nom, il fonça. L’injustice le rendait malade et il était facile de tomber à plusieurs sur un pauvre abruti. Il était tombé sur un membre des Masters of Chaos. Groupe de motards local (avec des chapitres dans tout le pays) qui parla de lui aux autres et à qui on proposa une place de prospect. Caleb n’était pas un enfant de cœur, baigné dans la violence dès son plus jeune âge, il n’était jamais le dernier à cogner et il ne fallait pas le chatouiller trop longtemps pour qu’il monte au front. Il ignorait que cela pouvait être considéré comme du talent dans certains univers. Il accepta, se retrouvant à être le larbin des types du club pendant deux ans, répondant présent à chaque appel, nettoyant du sang, de la merde et autres sécrétions corporelles quand c’était nécessaire. Il avait gardé son job au restaurant, ce qui suscitait l’hilarité des autres qui rigolaient beaucoup moins quand ils devaient se confronter à sa mère. Elle imposait le respect par sa simple présence, tout le monde savait qu’il ne fallait pas moufter. Comme si Barbara avait senti l’occasion de se créer une autre famille, elle prit bientôt sa place au sein du club aussi. Cuisinant pour ses membres, aidant les femmes de ceux-ci dans certains évènements. Mais ce fut grâce à son dévouement et sa loyauté que Caleb parvint à obtenir sa place. Il n’hésitait jamais à se salir les mains. Lui qui n’avait jamais eu de figures masculines auxquelles s’identifier, il fut servi. Le Vice-Président le prit sous son aile, lui offrant une oreille attentive et beaucoup de bons conseils avisés. Sa vie sembla débuter à 18 ans, après sa rencontre avec ceux qui deviendraient ses frères.

« Livy, regarde-moi ! »

Elle s’appliquait à faire la vaisselle alors qu’il venait d’entrer sans attendre qu’on l’y invite parce qu’elle ne répondait pas à ses coups contre la porte. Elle avait épousé un petit fils à papa avocat et vivait à deux heures de sa famille. Il venait de temps en temps, aussi souvent que son emploi du temps le permettait. Le fait qu’elle n’appelle pas pendant deux semaines l’avait alarmé et il avait décidé de venir faire un tour. Elle refusa de se tourner vers lui et il vint saisir doucement son bras, couvert d’hématomes, pour la tourner doucement vers lui. Son visage était tuméfié, méconnaissable. Elle portait des lunettes de soleil mais ça ne pouvait dissimuler l’état catastrophique de son visage. Il sentit une colère sourde l’envahir mais il la repoussa autant que possible pour palier à l’urgence : sa sœur.

« Qui t’a fait ça ? »
« Je…Je suis tombée dans les escaliers et… »

Elle commença à sangloter et il la prit dans ses bras pour la serrer contre lui. Elle était mariée que depuis deux ans et il remerciait le ciel qu’elle n’ait pas encore d’enfants, ça aurait sans doute compliqué les choses.

« Tu peux monter les escaliers ou tu as besoin d’aide ? Parce que tu vas aller prendre tes affaires, on rentre à la maison ! »
« Je ne peux pas, il va… Il sera fou de rage si je ne suis pas là quand il rentre et… »
« Je m’en occupe ! »
« Oh… Cal, non ! Je sais ce que tu vas faire ! S’il-te-plaît, ne fais pas ça ! Il ne vaut pas la peine que tu te mettes dans la merde, je vais gérer ça, je vais… »
« Va préparer tes affaires, Livy, je m’en occupe ! »

Impossible de discuter avec lui quand il était proche de la rupture. Ses sœurs et sa mère étaient les femmes de sa vie. Il était prêt à foutre le monde à feu et à sang pour elles, il n’accepterait pas qu’une petite merde s’en prenne à elles. Il sortit son téléphone de sa poche pour appeler sa mère et lui demander de venir rapidement. Elle ne discuta pas et se mit en route. Quand Livy fut dans la voiture avec elle, ses affaires dans le coffre, elle tenta de le convaincre de repartir aussi mais il se contenta d’embrasser son front et de lui sourire. Il n’était déjà plus vraiment maître de lui-même. Ce monstre qui l’habitait parfois prenait petit à petit les commandes. Il fuma cigarette sur cigarette, installé à la table de la cuisine, attendant patiemment que Bradley arrive. Qui aurait pu deviner que ce petit bourgeois aimait martyriser sa femme ? Personne ! Assis dans la pénombre, il entendit la porte s’ouvrir et eut le plaisir de voir le visage de ce petit fils de pute se décomposer quand il l’aperçut en allumant la lumière.

« Bonjour, Bradley ! »
« Où est Olivia, ma femme ? »
« Elle ne reviendra pas ! J’aimerais te dire qu’on va pouvoir discuter, posément, comme des hommes, mais tu as perdu cette chance au moment où tu as levé la main sur ma petite sœur ! »

Il se leva d’un bond et l’agrippa fermement par le col de sa chemise, le soulevant du sol alors que la lame de son couteau de chasse était fermement serrée contre son cou. Le reste, il ne s’en souvenait pas très bien. Il savait simplement que cette petite merde respirait encore quand il était parti. Il y avait du sang partout et il lui avait passé un sale moment mais il ne l’avait pas tué. Malheureusement, les flics et le juge n’en eurent pas grand-chose à foutre. Il se retrouva en taule pour huit piges, rien que ça ! Quand on avait les contacts et l’influence, tout était possible. Deux jours après son jugement, Bradley eut un malencontreux accident de voiture qui le tua sur le coup et fit de sa sœur, Olivia, une riche veuve.

***

« Qu’est-ce que tu fous là Jess ? Pourquoi t’as refusé le parloir de couple ? » s’enquit-il en fronçant les sourcils

Ça faisait déjà un mois qu’elle n’avait pas pris la peine de venir le voir et chaque fois qu’il passait un coup de fil chez elle, elle ne répondait pas. Il n’était pas suffisamment stupide pour croire que ça ne cachait pas un sale truc. Mais il l’aimait comme un dingue. Elle était drôle, intelligente et caractérielle, elle avait des hanches à se damner et des seins … MON DIEU ! Il ne croyait pas en Dieu mais elle et sa poitrine auraient pu l’y aider. Il pensait la demander en mariage avant cette histoire avec Bradley et qu’on vienne l’arrêter. Elle était tout ce qu’il recherchait chez une femme et il en avait essayé un sacré paquet avant elle. Où pouvait-il trouver une partenaire capable de la lui faire fermer comme elle, en une seule phrase ?

« C’est fini, Cal ! Je… Je ne peux plus ! Je ne peux pas t’attendre huit ans, comme ça ! Je veux des enfants, je veux construire ma vie. J’ai trente ans, il sera trop tard quand tu sortiras. »

Elle baissait obstinément les yeux et il eut envie de retourner toute la pièce, il savait pourquoi.

« Comment il s’appelle ? »
« Ça ne te regarde pas ! Je vais être diplômée cette année, je mérite mieux que la vie de femme de tolard ! »
« Et moi, qu’est-ce que je mérite, Jess ? Hein ? Je n’ai pas été suffisamment présent pour toi ? Je t’ai tout donné et dès que j’ai besoin de toi, tu te barres ? T’es comme toutes celles que je baisais avant toi, finalement, t’en vaux pas la peine ! »

Il vit ses yeux s’emplir de larmes et il s’en voulut presque de la blesser mais c’était de bonne guerre. Elle, la future chirurgienne, le quittait parce qu’il avait défendu sa sœur, parce qu’il avait fait ce que la justice ne ferait jamais. Il le vivait mal. Ça faisait cinq ans qu’ils étaient ensemble, cinq ans qu’il ne regardait même pas les autres parce qu’elle lui suffisait, parce qu’elle lui apportait plus que n’importe qui. C’était la désillusion. Pourtant, sa mère n’avait eu de cesse de le prévenir.

« Tu peux te casser, je t’ai assez vue ! »

Elle ne bougeait pas, pleurant à chaudes larmes.

« TIRE-TOI ! »

Elle sursauta et ramassa ses affaires pour partir. Il finit par apprendre qu’elle s’était mit avec un magistrat, un type plein aux as qu’il ne serait jamais. Il aurait toujours l’air d’un redneck de bas étage et ce n’était pas faute d’avoir fait son possible pour s’en sortir. Il n’avait pas le standing qu’elle recherchait. Il passa les huit années suivantes à ruminer, se tapant les pétasses que le club envoyait pour lui remonter le moral. Heureusement, les livres furent de bonne compagnie. Quand il sortit enfin de prison au terme de sa peine, il eut un mal fou à retrouver ses repères. Réinvestir sa maison désormais vide d’elle fut compliqué et il crécha un temps infini chez sa mère.

« J’en dois une à Holden. »
« Je ne comprends pas ce que ça a à voir avec moi, Darren ? »
« Justement, il a besoin de quelqu’un pour veiller sur une jeune femme. »
« C’est pas un truc que les fédéraux de la protection des témoins sont censés faire ? »
« Ils ont peur d’avoir été repéré. Ecoute, c’est pour te remettre le pied à l’étrier. Ça paie bien, c’est calme et ça fera plaisir à ton agent de probation. »
« Autrement dit, j’ai pas le choix ! »
« Non ! »
« Super ! »

Voilà comment il s’était retrouvé collé au cul de Skylar, veillant sur elle comme on couve ses œufs, devant s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Il lui en voulait un peu, d’ailleurs, il avait l’impression qu’elle l’éloignait du club, du fun de celui-ci et de tout ce qu’il aurait pu vivre pour récupérer ces huit années de perdues !

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